arraisonner

arraisonner

arraisonner [ arɛzɔne ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1598; XIVe « convaincre par de bonnes raisons »; 1080 « interpeller qqn »; de 1. a- et raison
Mar. Arraisonner un navire : procéder à un interrogatoire ou à une visite. ⇒ aborder, reconnaître.

arraisonner verbe transitif (latin populaire adrationare) Procéder à un contrôle pour vérifier la destination, la cargaison d'un navire, la nationalité, l'état sanitaire de son équipage et de ses passagers ; procéder à un contrôle analogue pour un avion.

arraisonner
v. tr. Arraisonner un navire, l'arrêter en mer et contrôler son équipage et sa cargaison, etc.

⇒ARRAISONNER, verbe trans.
I.— Emploi trans.
A.— S'adresser à quelqu'un et essayer de le convaincre :
1. On le suivit [l'abbé Vianney], on l'entr'aperçut, prosterné, et on l'entendit arraisonner le Seigneur, le supplier à haute voix.
J. DE LA VARENDE, Le Curé d'Ars et sa passion, 1957, p. 68.
En partic. Raisonner quelqu'un, chercher à le convaincre de se faire une raison :
2. Vous êtes donc son premier amour. Oh! elle a reçu comme un coup de pistolet dans le cœur en vous voyant, et Florine est allée l'arraisonner dans sa loge où elle pleure de votre froideur.
BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, p. 335.
Rem. Ac. 1932 note que ce sens est vieux.
B.— P. ext.
1. DR. ,,Proposer ses raisons, haranguer, parler, accuser, citer en justice. Être arraisonné, être interrogé``. (DUPIN-LAB. 1846).
2. MAR. Arraisonner un navire. Questionner le capitaine à l'arrivée du navire à un port ou procéder à une visite du bâtiment pour vérifier sa nationalité, sa provenance, sa destination, son chargement et particulièrement, en temps de paix, le nombre de passagers et l'état sanitaire du bord; en temps de guerre, même opération au large par un navire de guerre (d'apr. GRUSS 1952) :
3. ... le baleinier, s'était tenu au large, presque en plein mer, comme pour rester prêt à fuir, et la houle était forte autour de lui. On m'envoyait en corvée pour le reconnaître, pour l'arraisonner, comme on dit dans notre métier.
LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 344.
Rem. DUB. signale l'expr. arraisonner un avion.
P. anal., fam. Arraisonner une personne. L'arrêter pour la questionner :
4. Il [un piéton] avait dû, lui aussi, avoir ses difficultés avec les soldats. Pas des tas. Ce n'est jamais drôle d'être arraisonné. On vous réclame des papiers de toute sorte. Les premiers temps, on se demande toujours comment on va en sortir... À la fin, avec l'habitude, on glisse.
GIONO, Le Hussard sur le toit, 1951, p. 337.
II.— Emploi pronom., vx. Chercher à se rendre compte de la situation réelle, se raisonner :
5. ... un jour il [Béranger] s'aperçut avec effroi que lui-même était pris, mais pris comme jamais il ne l'avait été [...] pendant des mois, Béranger, seul, caché sous le nom de M. Berger, s'arraisonna, prit son courage à deux mains, s'arracha le trait du cœur et pansa sa plaie en silence.
SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, t. 1, 1869, p. 197.
PRONONC. :[], j'arraisonne []. LAND. 1834 et GATTEL 1841 transcrivent la 2e syllabe du verbe par [e] fermé.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1100 « interpeller, adresser la parole à qqn » (Roland, éd. Bédier, 3536 : Mult fierement Carlun en araisunet) — 1544 (C. MAROT, Rond aux Nonn. qui sortirent du couv., éd. 1731 ds GDF.); 2. 4e quart du XIVe s. « chercher à amener (qqn) à un avis, en lui fournissant des raisons » (J. FROISSART, Chron. II, 2, 102 ds Dict. hist. Ac. fr. : Ils entrèrent en sa maison [d'Artevelle] et lui arraisonnèrent et remontrerent commant la bonne ville de Gand estoit en grand nécessité d'avoir un souverain capitaine), réputé ,,familier`` et étant de ,,peu d'usage`` ds Ac. 1798; 3. 1598 mar. « reconnaître l'état, la situation d'un navire » (LODEWIJCKSZ, Premier livre de l'histoire de la navigation aux Indes orientales par les Hollandais, ds Fr. mod., t. 25, p. 305 : fut envoyee apres une barque, qui l'a arraisonnee), attest. isolée; 1823 (BOISTE : Arraisonner un vaisseau).
Généralisation ancienne due à l'influence de raison des formes fortes du verbe araisnier (j'araisone, vous araisniez) issu du lat. adrationare. 1 cf. ca 700 rationare « plaider » ds NIERM. s.v.; 2 sous l'influence sém. de raison « preuve, justification » (XIIe s. ds T.-L.); 3 peut-être composé tardif du simple raisonner, cf. 1680 RICH., Raisonner à la chaloupe, c'est montrer à la chaloupe qui est de garde, la permission qu'on a de mouillier dans le port et rendre compte de la route qu'on veut faire (v. FEW X, 106b); l'attest. isolée de 1598 si elle était confirmée serait un jalon pour rattacher le sens 3 directement au sens 1.
STAT. — Fréq. abs. littér. :6.
BBG. — GRUSS 1952. — JAL 1848. — LE CLÈRE 1960. — LE ROUX 1752. — SOÉ-DUP. 1906. — SPR. 1967.

arraisonner [aʀɛzɔne] v. tr.
ÉTYM. XIVe; 1080, « interpeller quelqu'un »; de 1. a-, et raison.
1 Anciennt. Convaincre par de bonnes raisons.Raisonner, chercher à ramener à la raison (in Balzac).
2 (1598). Mar. || Arraisonner un navire : procéder à un interrogatoire ou à une visite pour vérifier la nationalité du navire, sa provenance, sa destination, son chargement, l'état sanitaire de ses passagers. Aborder, inspecter, reconnaître.
0 On m'envoyait en corvée pour le reconnaître, pour l'arraisonner, comme on dit dans notre métier.
Loti, Mon frère Yves, LXXXV.
Procéder à l'arraisonnement de (un avion).
Fig. || Arraisonner qqn, l'arrêter pour l'interroger.
DÉR. Arraisonnement.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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